Quand l’information n’est plus une valeur ajoutée : Times perd 4 millions de lecteurs
Le Times UK a perdu 4 millions de lecteurs, ou plutôt de visiteurs uniques, en l’espace de 2 mois suite à la mise en place d’un mode payant pour accéder à ses contenus. Seule la page d’accueil est accessible gratuitement. Tout calcul fait, il semble que cela soit une bonne opération financière à court terme, la chasse aux abonnés générant plus d’argent que la perte sèche en terme d’espaces publicitaire vendus engendrée par la fuite de 4 millions de visiteurs uniques. Mais est-ce que cette transposition du modèle de monétisation traditionnel des médias papier peut sauver cette industrie ? pas certain.
Le dictat du gratuit, vraiment ?
L’information gratuite s’est progressivement implantée depuis 10 ans dans les mentalités. Les possibilités d’accéder aux informations sans payer sont telles aujourd’hui que si une source venait à devenir payante, le flot de trafic sauterait de cette source vers une autre. Les investissements publicitaires feraient de même dans la foulée. C’est donc un système sous perfusion où la course au trafic est clé pour obtenir les investissements pub associés, mais engendre une information standardisée qui ne fidélise plus le lectorat et lance les médias dans une course effrénée au scoop et à l’exclusivité, seule élément encore viable de fidélisation de son audience.
Cependant on voit surgir des modèles différents, liés à des modes de consommation différentes de l’information. En fonction du recul face à l’actualité, les lectorats sont différents et la capacité de fidélisation aussi. Les modèles économiques peuvent alors variés et devenir sains. Mais pour que cela puisse arriver, il est nécessaire de sortir la tête du sceau et voir (re)découvrir le web. Ce que fera peut-être le trio à la tête du Monde.
Créer une expérience complète depuis le papier jusqu’à l’iPad
Le Sauveur n’existe pas. L’adaptation est la seule solution. Certains sont déjà en train d’adapter, les lignes et les modèles sont en train d’évoluer. Les autres devront mourir par manque de vision. Rien de nouveau sous le soleil. Le papier a su évoluer, ajouter des suppléments magazine, des offres spéciales, mais n’a pourtant pas pris la mesure du web. Ce n’est qu’un repositionnement de leur coeur de métier, celui de fournir l’information, pas un changement radical de support.
L’iPad a son usage, différent du web, différent du web mobile, différent du papier. Il est important de bien cerner les différents usages et fournir une expérience complète à l’utilisateur pour lui servir le contenu qu’il attend au bon moment. Servir le même contenu sur l’iPad, l’iPhone, l’ordinateur et sur le papier n’a aucun sens. Personne ne profite des avantages de ces différents supports, et tout le monde souffre des inconvénients de ces mêmes supports.
La fidélisation, clé de voute de l’évolution des médias traditionnels
Les médias sociaux ont changé la donne dans la mesure où l’information circule entre les utilisateurs au lieu que cela soit l’utilisateur qui aille d’un contenu vers l’autre. Le métier des journalistes ne change pas par contre, et celui de la distribution de l’information n’a pas changé non plus. Tout ce qui a changé est la mise en compétition des marques et la pluralité des supports. Le consommateur n’attend plus d’avoir une information standardisée, mais personnalisée en fonction de son besoin à l’instant donné.
C’est donc une compétition à la fidélisation dans laquelle le papier n’a jamais eu à s’inscrire qui est en train de faire bouger les lignes. Valoriser et segmenter l’information, l’encapsuler pour qu’elle transite entre les supports facilement et qu’elle soit une valeur ajoutée pour l’utilisateur final est la problématique à laquelle tous les titres, nationaux ou pas, devront faire face. La montée en puissance des blogs et des sites verticaux focalisés sur des thématiques précises montrent qu’il y a toujours de la place pour de nouveaux acteurs. Forbes a tiré le premier, reste à voir ce qu’il se passera pour le territoire français. Comprendre que le mode de diffusion est autant une valeur ajoutée que l’information elle-même est un long chemin.
Source : de weqli